MULTILINGUISME, UNILINGUISME ET DEVELOPPENT EN AFRIQUE : ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES

Date limite: 10 février 2020


APPEL À CONTRIBUTION


Argumentaire
En tant qu’instrument, moyen  ou outil de la communication, la/les langue(s) a/ont une importance capitale dans la société. En tant que produit de la culture, la langue est un moteur dans la transmission des savoirs et des savoirs-faire, que ce soit en sciences expérimentales ou en sciences sociales. Pour Ferdinand de Saussure, la langue est une « masse indistincte » qu’il faut segmenter. Cependant, si la langue est statique et a besoin du discours pour sa mise en fonctionnement, il va sans dire que le sujet parlant constitue un acteur majeur dans ce processus et c’est à juste titre que Charaudeau (2001 : 343) affirme : « La langue n’est pas le tout du langage, on pourrait dire que la langue n’est rien sans le discours, c’est-à-dire ce qui la met en œuvre, ce qui régule son usage et qui dépend, par conséquent, de l’identité de ses utilisateurs ». En effet, la langue à travers le discours, véhicule une vision du monde, un mode de vie et de pensée, une idéologie. La plupart des nations puissantes expriment leur vision du monde via leur propre langue, c’est-à-dire celle qui les a vu naître et grandir. En Afrique, à cause du lourd héritage colonial qui continue à peser sur les États plusieurs décennies après leurs indépendances, c’est un fait difficile à mettre en œuvre par endroit.  S’il est évident que dans bon nombre de cas  on ne change pas d’identité quand on change de langue, on peut admettre tout au moins qu’ « il y a des circonstances socio-historiques où la langue joue le rôle de représentant d’une identité ethnique, sociale ou nationale ». C’est donc souligner que si un bon nombre d’africains expriment leurs pensées en langues exoglosses, c’est-à-dire dans des langues telles que le français, l’anglais, il n’est pas superflu de rappeler que ces derniers ont besoin également de le faire en langues maternelles. Elles sont estimées à environ 2000 en Afrique avec des langues régionales et transrégionales. L’Afrique est donc par essence  multilingue et l’africain plurilingue puisque ce dernier peut parler jusqu’à dix langues différentes. Le multilinguisme est le fait d’utiliser plusieurs langues à l’échelle régionale tandis que le plurilinguisme est le fait, pour un individu de parler plusieurs langues. Dès lors, au vu de cette importante hétérogénéité linguistique, on peut s’interroger sur le rapport langue(s)/développement. Cette diversité, cette fragmentation linguistique entrave-t-elle le développement avec de nombreux mon concordants ou au contraire constitue-elle un atout majeur du développement  avec l’unicité dont certains peuples peuvent faire montre autour des enjeux majeurs ?   
Du point de vue macrosociolinguistique, on pourrait se poser la question de savoir vers quelles perspectives linguistiques va l’Afrique avec l’effet de la mondialisation. Par endroits, l’etiolement linguistique s’accentue en conduisant tout doucement certaines langues minorées vers une mort certaine tandis que dans d’autres, on assiste à une vitalisation linguistique des langues majorées qui deviennent parfois incontournables dans la communication à l’échelle régionale d’où la question de l’inextricable rapport langues majorées/langues minorées et leur compétitivité.
Nonobstant cela, on peut questionner  la politique d’assimilation coloniale qui continue à peser sur les États environs six décennies après les indépendances. Politique qui a d’ailleurs engendré des configurations linguistico-culturelles ayant contribué à définir l’espace francophone pluriel, anglophone, hispanophone, lusophone, etc. Pour de nombreuses raisons tant utilitaires, stratégiques qu’idéologiques, ladite politique a consisté à proscrire l’utilisation des langues du substrat en situation formelle, a eu des répercutions sans précédent sur le devenir des nations de cette partie du monde, car  elles continuent, à certains égards à commander les attitudes linguistiques d’aujourd’hui par leur prééminence dans divers secteurs de la vie. Ces pratiques coloniales tant décriées par les africains et considérées comme antinomiques au progrès de ces derniers, ont été reléguées à leur plus faible expression dans certaines zones comme l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique maghrébine tandis qu’en Afrique centrale, le système perdure pour de nombreuses raisons parmi lesquelles l’extrême hétérogénéité linguistique de cette zone.
Après observation de la situation in vivo, les africains optent pour l’insertion des langues nationales dans l’enseignement. Insertion qui, par endroit s’avère être un véritable échec pour des raisons tant idéologiques, économiques, structurelles que matérielles d’où le épineux sujet de la responsabilité des politiques linguistiques post-coloniales. Une autre conséquence plus grave est la tendance, soit par idiosyncrasie, soit par pédanterie ou préciosité, pour certaines générations urbaines à adopter l’unilinguisme exoglosse, surtout dans les familles à union exogamique.
Ce projet d’ouvrage est une plateforme où doivent être examiné minutieusement et dans leur globalité l’utilité des langues d’Afrique, l’orientation qu’elles prennent ou qu’elles peuvent encore prendre si des politiques linguistiques et d’aménagement linguistiques volontaristes sont opérationnelles sur le terrain, leurs portées, leurs limites, ainsi que les problèmes qu’elles rencontrent à l’intérieur tout comme à l’extérieur de l’Afrique dans leurs rapports avec d’autres langues plus compétitives.


Les différents axes de réflexion suivants peuvent être explorés. La transdisciplinarité est encouragée.
-    Langue(s) et /en  communication
-    Langue(s) et sécurité/ insécurité linguistique
-    Langue(s) et héritage patrimonial
-    Langue(s)  et /en  glottopolitique
-    Langue(s) et alphabétisation/standardisation
-    Langue(s), et /en  littérature et intermédialité
-    Langue(s)  et/en  média
-    Langue(s) et  oralité
-    Langue(s), paix et développement
-    Langue(s)  et urbanités
-    Langue(s) et/en  médiation interculturelle
-    Langue(s)  et/en  religion
-    Langue et/en  médecine
-    Langue(s)  et/en  enseignement
-    Langue(s)  et/en commerce
-    Langue(s) et philosophie/psychologie
-    Langue(s) et arts, beaux arts et cinéma
-    Langues(s)  et/en    sciences
-    Langues(s)  et/en  politiques
-    Langues(s)  et numérique
-    Langue(s) et/en  économie
-    Langue(s) et traitement computationnel
-    Langue(s) et/en  neurosciences (cognition, psycholinguistique, intelligence artificielle, pathologies langagières etc.)

Comité scientifique
- Pr Michèle VATZ LAAROUSSI (Université de Sherbrooke, Canada)
- Pr Béatrice AKISSI BOUTIN (Université Houphouet -Boigny, Côte d’Ivoire)
- Pr BEBAN Sammy Chumbow, Cameroun
- Pr Clément Dili PALAI (Université de Maroua, Cameroun)
- Pr Edmond BILOA (Université de Yaoundé II, Cameroun)
- Pr Alphonse TONYE (Université de Yaoundé I, Cameroun)
- Pr Théophile CALAINA (Université de Ngaoundéré, Cameroun)
- Pr Jean Paul BALGA(Université de Maroua, Cameroun)
- Pr EBEHEDI KING Pauline Lydienne (Université de Maroua, Cameroun)
- Pr Rosalie Mairama (Université de Maroua, Cameroun)
- Dr KOFFI GANYOA AGBEFLE (Université de Legon, Ghana)
- Dr Bernard KABORE (Université de Ouagadougou, Burkina Faso)
- Dr Réoular Urbain  (Université de Bongor, Tchad)
- Dr Adam MAHAMAT (Université de Maroua, Cameroun)


Coordinatrice
Amina GORON, Université de Maroua, Cameroun

Délai de soumission
Les résumés (300 mots) de communications en francais ou en anglais suivis de cinq mots clés et d’une bibliographie sélective de cinq entrées sont attendus  au plus tard le 10 février 2020 à l’adresse suivante : aminagoron@gmail.com

Autres dates importantes
-    28 mars  2020 : réponse du Comité Scientifique
-    30 mai 2020 : envoi des textes définitifs
-    Octobre 2020 : Publication de l’ouvrage

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