Formation doctorale : Littératures, Arts, et Imaginaires Culturels (L.A.I.C)
« La misère de la philosophie » place la pensée marxiste à résoudre la question de la pauvreté, ce phénomène criard troublant l’ordre social et politique depuis l’avènement de la révolution industrielle et de la société bourgeoise (Emile Zola, Germinal). Cet héritage de Marx élucidé dans la onzième thèse, va connaître une fortune pragmatique dans les sciences sociales avec Bourdieu et Alain Minc, contestant le capitalisme au nom de la justice sociale. Inspiré par ces auteurs, contre ce fléau et voulant une France plus humaniste, Jacques Chirac sous le thème de : « La fracture sociale » en fera l’objet de sa campagne présidentielle en 1995.
Par ailleurs, la fracture sociale après cette terminologie politique en invite à explorer ce concept au sens pluriel. Sous ce biais, la définition du Littré l’identifie (fracture) à une rupture violente, à la cassure d’un os. Ce lexique biologique ou ostéologique (médical) cède le pas à une dimension géologique (cassure d’un os, schisme d’un relief), historique au sens de l’éclatement de l’empire colonial (Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, La fracture coloniale). Autant dire que la fracture répond à une complexité (Kundera, L’Art du roman), un mouvement déclinant la métamorphose du monde dans le passage de l’ancien au nouveau monde. Elle englobe la géographie, l’environnement ainsi que toutes les sciences humaines. Tout y est dans la lecture de la fracture, dans la création de l’univers et « les grandes époques de la nature » (Buffon, Histoire naturelle).
A travers cette polysémie (médicale, géologique, historique, sociale, etc.) se pose la question de la fracture, à partir de laquelle, il sera possible d’aborder la mondialisation au regard d’une actualité de rupture contemporaine (fracture numérique, crise écologique, réchauffement climatique, libre circulation des biens et des personnes, migration Nord/Sud, identités menacées ou meurtrière, démocratie guillotinée en Afrique…). Ce qui invite la littérature et les sciences humaines à des nouvelles explorations (thématique, philosophique, sociologique, etc.)
La fracture implique la créativité, l’esprit de progrès Dès l’Antiquité, en Grèce, lors de la guerre de Troie, elle surgit à travers la révolution des mentalités dans le passage des mythes à la raison. Dans L’Odyssée par exemple, c’est le tournant de la ruse triomphante d’Ulysse contre les dieux. Au Moyen- Âge, le roman courtois annonce une nouvelle façon de faire la littérature dans les châteaux et les cours de l’époque. Dans ce sillage, après la Renaissance, Don Quichotte de Cervantès, constitue la fin du roman courtois et le début du roman moderne, fracture par laquelle la littérature devient réinvention permanente, de Cervantès à Hugo (Romantisme), de Flaubert à Zola (Réalisme), de Robbe-Grillet à Sarraute (Nouveau roman), d’ Yves Berger à Jean-Christophe Rufin (Roman écologique).
Dans ce contexte, la fracture peut se lire comme une force de la pensée, un désir de changer la société, de bousculer les idées reçues, d’imposer des formes inattendues dans l’ordre des choses. C’est ainsi que dans l’histoire, les fractures s’imposent avec violence, comme des chocs, des tensions entre forces contradictoires pour créer du nouveau. Il s’ensuit parfois de l’instabilité, une menace de la paix civile, une négation du paysage républicain ou communautaire, une tension à l’origine des grands évènements de l’histoire : révolution française (1789) ; révolution Russe (1914) ; Seconde Guerre mondiale (1945) ; Mai 1968 ; la chute du mur de Berlin (1989)…
Du monde à l’Afrique, la même résonnance de ce que Michel de Certeau appelle le « malheur généalogique » : l’esclavage ; la colonisation, le néocolonialisme dont l’impact pèse encore sur la marche des Etats africains modernes. La décolonisation et le postcolonialisme sont aussi porteurs du même intérêt sociopolitique et épistémologique que rendent les travaux de Felwine Saar, d’Achille Mbembe ou de Souleymane Bachir Diagne. Ce discours de l’histoire, débouche sur la fracture énonciative (Georice Berthin Madébé) comme « changement de paradigme thématique et formel » dans la création littéraire africaine. Les bruits de l’histoire provoquent des séismes narratifs (Yambo Ouologuem, Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi) renversant les académismes balzaciens ou hugoliens dans leur certitude « francocentriste ».
La fracture impose une relation critique, une remise en question, une transition dans les modèles de pensée, une nécessaire « archéologie des savoirs ». Les crises écologiques actuelles constituent encore une fracture : de la philosophie à l’anthropologie, surviennent de nouveaux épistémès qui valorisent le savoir des marges, les victimes de l’histoire, les déclassés de la raison cartésienne. Le retour aux connaissances antiques, suivant le sillon tracé par Levi Strauss (Tristes tropiques), Bruno Latour (Nous n’avons jamais été modernes), Philippe Descola (Par-delà nature et culture), Luc Ferry (Le Nouvel Ordre Ecologique) cristallise un renouvellement de la pensée. Toute fracture est fille de son temps et de son environnement. Autant dire que la fracture n’est jamais uniforme, chaque peuple la vit à sa manière dans le destin qui est le sien. On peut supposer que la fracture est le ciment de l’histoire humaine et de celui des savoirs sur l’homme, la société et son environnement.
L’enjeu de ce colloque, consiste à explorer les constantes de la fracture en rapport avec les crises ou mutations actuelles (transhumanisme, transsexualité, migrations, crise économique, approche genre, etc.). Cinq (5) axes d’intervention sont proposés :
1- Ecriture de la fracture en littérature ;
2- Schisme et révolution (approche genre, mondialisation et changement des mentalités) ;
3- Fracture sociale ;
4- Représentation de la fracture et crise contemporaine ;
5- Discours linguistique sur la fracture.
Informations pratiques
Vous adressez votre résumé de 250 signes au plus tard le 27 février 2020 aux contacts suivants : idoverts@gmail.com et regiscarlmo@gmail.com. Vous y indiquerez le titre et les mots clés du résumé de votre communication, votre affiliation institutionnelle et vos coordonnées.
27 mars 2020 : Avis du comité scientifique.
27 mai 2020 : Date limite d’envoi des articles retenus.
Coordinateurs scientifiques
Pierre-Claver MONGUI
Pierre NDEMBY MANFOUMBY
Comité scientifique
MOUSSAOUDJI BOUSSAMBA Jean- Rufin
NDJIBADI Rodolphe
TSOMAKOUSSOU Idovert Stone
MONZEO Régis Carl
MONDJO LOUNDOU Réal
MAKITA Idiata Patricia
IDOMBA MBOUKOUABO Claire Versuela
MEMBOUROU ADOKA Acif
NGOULOU NGAVOUKA Scheldon
MOUBEKA Jean de la Fleur
MOMBO MIHINDOU Yannick Belfegord
Comité d’organisation
MOUSSAOUDJI BOUSSAMBA Jean- Rufin
NDJIBADI Rodolphe Ghislain
TSOMAKOUSSOU Idovert Stone
MONZEO Régis Carl
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