Argumentaire
Au sens propre, la désuétude désigne la sortie d’usage, d’un mot, d’une expression ou de leur référent, mental ou réel. Au sens technique, c’est un processus qui rend un mot/une expression ou une pratique in-opérationnelle dans le tissu communicatif et culturel d’un groupe linguistique bien déterminé. Complexe, long et plutôt inconscient, le processus de désuétude a, le plus souvent, des origines obscures : On ne sait pas pour quelle raison un mot/une pratique tombent définitivement en désuétude et pas d’autres. Ce phénomène pourrait frapper divers secteurs de la société : les noms propres, les slogans, les expressions quotidiennes, mais aussi les concepts et les pratiques culturelles ainsi que leurs connotations (l’ensemble de pratiques et d’habitudes d’une société d’ordre culturel, juridique, politique…) (J. Richard : 1990 ; M. C. Jones : 1998 ; F. Balle : 1999 ; Ph. Minard : 2002 ; A. Touraine : 2007 ; J. Hamel :2012 ; L. Guéraud : 2014 ; F. Joignot : 2015 …)
Aussi, notre questionnement portera sur les conditions linguistiques, cognitives et socioculturelles qui rendent un mot, une expression, un fait social… désuets et donc incapables de remplir la fonction communicative, sociale et pragmatique qui est la leur.
Le phénomène inverse consiste à revivifier des mots morts, des habitudes et des pratiques délaissées, à les faire réintégrer dans l’usage communicatif et social, notamment grâce à la néologie sémantique en tant que processus de renouvellement de la langue. Celle-ci consiste à prendre un mot désuet et le revivifier en lui accordant une nouvelle signification/extension/restriction. Les mass médias actuels modernes - presse, radio, télévision, cinéma, réseaux sociaux- connaissent bien ce phénomène ; leurs actions néologiques, exercée presque quotidiennement, méritent d’être explorées.
Notre colloque a pour but de réunir des chercheurs de différentes disciplines, intéressés par ces problématiques gravitant autour de « la désuétude » ; et ceci dans une perspective pluridisciplinaire. À travers cette rencontre, nous souhaitons apporter des éléments de réponse à ces questions :
Ø Peut-on préciser à partir de quel moment on considère comme désuets un mot/une expression/ une pratique/ une référence…?
Ø Quel est le rôle des philologues/des lexicologues/des critiques littéraires, qui voient de mauvais œil l’emploi des mots surannés, dans le processus de leur désuétude/revivification ?
Ø Quels sont les facteurs linguistiques, socioculturels, politiques… qui décident (ou pas) de la désuétude d’un mot, d’une expression et de leurs connotations socioculturelles politiques et juridiques ?
Ø A quel moment une société, une communauté, une culture laissent-elles tomber des mots, des habitudes, des valeurs, des dogmes, des représentations, des lois et mêmes des idéologies … et pour quelle raison?
Axes du colloque :
A. Axe lexical : Dans cet axe, nous interrogerons, principalement, les dictionnaires et lexiques (arabes, français ou d’autres langues) contemporains afin de voir comment ont-ils traité les mots dépassés ? Les ont-ils consignés ou définitivement écartés du corpus officiel ? Nous pourrions aussi traiter des mots/termes/locutions, qui ne remplissent plus leur fonction référentielle. La dimension diachronique importe ici : A partir de quelle date/fait/ événement, les « autorités linguistiques et culturelles » considèrent que le mot est désuet ?
B. Axe culturel : Ce volet concerne la désuétude d’un référent/un objet/ ou un acte qui n'existe plus/a cessé d'être fabriqué/utilisé/ connu, et ce à l’instar de:
- La désuétude des habitudes alimentaires ;
- la désuétude des représentations sociales ;
- la désuétude des méthodes pédagogiques et de l’enseignement ;
- la désuétude des lois dans le domaine juridique et leur expression terminologique;
- la désuétude des habitudes vestimentaires et de la mode …
C. Axe formel : Cet aspect se rapporte aux procédés linguistiques et cognitifs, plutôt formels, aux stratégies implicites de la traduction des mots désuets, celles de la restitution de sens, dans une langue étrangère, aux grilles psychosociologiques qui interviennent pour rendre une pratique, une habitude, une représentation, un mot désuets, aux conditions linguistiques (lexicales, sémantique, phonétiques, morphologiques…) psychologique, sociologique, juridique et politique qui favorisent ce phénomène.
Les propositions de contributions peuvent concerner un (ou plusieurs) des corpus suivants :
a) Les dictionnaires contemporains ;
b) Les textes juridiques ;
c) Les médias sociaux ;
d) Les textes littéraires ;
- Les textes autobiographiques ou fictionnels (époque coloniale) ;
- La littérature maghrébine (postcoloniale) ;
- La littérature de jeunesse.
Les communications consacrées à la manière dont les écrivains de toutes disciplines confondues présentent le concept de « la désuétude » des mots, des valeurs, des représentations sociales, des dogmes et des idéologies, seront les biens venus. Les communications qui traiteront la « désuétude » en rapport avec la mémoire individuelle et la mémoire collective à travers les œuvres littéraires et artistiques de tous mouvements confondus seront aussi appréciées.
Bibliographies:
Balle F. (1999), Médias et sociétés. Presse, édition, internet, radio, cinéma, télévision, télématique, cédéroms, DVD, réseaux multimédias, Montchrestien.
Fournier M. (dir.), Knowledge, Communication & Creativity, Londres, Sage Publications.
GAiddens A. (1994), Les Conséquences de la modernité, Paris, Éditions l’Harmattan.
Guéraud L. (2014), La désuétude : entre oubli et mort du droit ? Presses Universitaires de Limoges – Pulim ; Collection : Cahiers de l'Institut d'Anthropologie Juridique.
Hamel J., « La sociologie doit-elle changer afin de pouvoir étudier les sociétés en continuel changement ? », Sociologie[En ligne], URL : http://journals.openedition.org/sociologies/4143
Joignot F.(15 Octobre 2015) La « chienlit », histoire d’un mot de Rabelais à Sarkozy, Le Monde.
Latour B. (2006), Changer de société – Refaire de la sociologie, Paris, Éditions La Découverte.
Ogdens et Richard (1923), The Meaning of the Meaning, London, Kegan Paul.
Minard Ph. et al. (2002) Histoire et anthropologie, nouvelles convergences ?Dans Revue d’histoire moderne & contemporaine 5 (no49-4bis), pages 81 à 121.
Richard, J. (1990) Anthropologie religieuse et théologie. Laval théologique et philosophique, 46 (3), 383–402.https://doi.org/10.7202/400559ar.
Sales A. et Marcel F. (dir.) (2007), Knowledge, Communication and Creativity, Sage Publications, Thousand Oaks/Londres.
Touraine A. (2007), Penser autrement, Paris, Éditions Fayard.
Touraine A. (2005), Un nouveau paradigme. Pour comprendre le monde d’aujourd’hui, Paris, Éditions Fayard.
Ury J. (2007), Sociologie des mobilités. Une nouvelle approche pour la sociologie ?Paris, Éditions Armand Colin.
Ury J. (2005), « Mobilities, Networks and Communities », dans Sales A. &Fournier A. (dir.), Knowledge, Communication &Creativity, Londres, Sage Publications, pp. 67-76.
Calendrier et modalités de soumission
Vous pouvez envoyer des propositions de communication en arabe en français ou en anglais conjointement aux adresses suivantes : colloque_meknes2016@yahoo.fr et nejmid@gmail.com
La communication orale pourra avoir lieu en arabe en français ou en anglais. Nous vous prions de respecter ces normes :
- Nom et prénom, affiliation(s) académique(s) de l’auteur ;
- Titre de la communication, mots-clés (5 maximum) et bibliographie sommaire ;
- Positionnement par rapport aux axes de l’appel à communication : Axe A, B, C. Résumé court de 500 mots ;
Dates importantes :
- Premier Appel à communication le 20 Octobre 2019
- Deuxième appel à communication le 20 Janvier 2020
Date limite de soumission : 30 Avril 2020
Notification aux auteurs : 20 Mai 2020
Date du colloque : 29- 30 Octobre 2020
Comité d’organisation :
Nadia Ben Elazmia (Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc);
Nejmeddine Khalfallah(Université de Lorraine, France) ;
Mohamed Bennacer (Université Moulay Ismail) ;
Mohamed Aarab (Université Moulay Ismail) ;
Mohamed Laouidat (Université Moulay Ismail)
Mariem Laadim(Université Moulay Ismail)
Comité scientifique :
Abdelghani ABOULAAZM (Université Ain choq, Maroc)
Ali FELLOUS (Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc)
Anouar BENMSILA (Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc)
Catherine DELESSE (Université de Lorraine, France).
El-Mostapha ABOUHASSANI (Université Moulay Ismail , Maroc)
Fadi JABER (Université de Lorraine, France)
Hela Nejjar (Université de Balamand, Liban)
Ieda MARIA ALVES (Université de Sao Paulo, Brésil)
Isabelle BILLO (Université de Lille, France)
Joana LUCAS (Université Nouvelle de Lisbonne, Portugal)
Laurence DENOOZ (Université de Lorraine, France)
Loïc BIENASSIS (Université de Tours, France)
Maria NASR (Université de Balamand, Liban)
Micaela ROSSI (Università di Genova, Italie)
Mohamed BENNACER (Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc)
Mohammed BERNOUSSI (Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc)
Nadia BEN ELAZMIA (Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc)
Nejmeddine KHALFALLAH (Université de Lorraine, France)
Nevine SARWAT (Université d’Alexandrie, Egypte)
Omar MEHDIOUI (Université Moulay Ismail Meknès, Maroc)
Ousmane NDIOGOU THIAW (Université cheikh anta Diop de Dakar, Sénégal)
Sylvie CAMET (Université de Lorraine-France).
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